A l’époque, j’étais rassurée d’avoir mon oncle et ma tante, vignerons dans les Corbières (L’Eclat en IGP Vallée du Paradis). Je me disais que j’avais un lien direct avec le vin et que ma place était légitime.
Car comme moi vous avez surement pensé que lorsqu’on ne connaît pas le monde du vin on a l’impression qu’il s’agit d’un milieu fermé et réservé aux familles de génération en génération. Il y a beaucoup de préjugés mais qui sont vite balayés dès qu’on met les pieds dedans.
Bref, revenons à mon parcours, j’ai donc emprunté la route du vin en débutant par le BTSA Viticulture-Œnologie, à Montpellier. Entourée de fils et de filles de vignerons cette formation m’a conforté dans mon choix. J’ai découvert un univers complexe de passion et de mystère.
Mes premières vinifications se sont déroulées au Château de Fourques et j’ai adoré être en cave. C’est une sensation nouvelle et une atmosphère particulière remplie d’euphorie, de pression mais en même temps de satisfaction.
Le matin j’attendais avec impatience la prise des densités qui consiste à prélever le jus ou le vin dans une éprouvette suffisamment grande pour poser le mustimètre et ainsi mesurer la température et la densité. Ce sont deux paramètres indispensables pour suivre le bon déroulement de la fermentation alcoolique. Mais ça ne se termine pas là, après avoir mesuré il faut déguster (peut-importe l’heure je suis toujours là quand il s’agit de déguster) pour avoir d’autres informations cruciales telles que la réduction, l’oxydation, l’apparition de déviances et l’évolution des tanins.
Avec mon BTS en poche, j’ai continué l’aventure du vin en partant à Dijon pour suivre la Licence Sciences de la Vigne, très réputée et sélective. C’est à ce moment là où j’ai fait la rencontre de ma future associée, Alice! 🙂
Durant mon stage de Licence à la Chambre d’Agriculture de Mâcon, à Davayé j’ai beaucoup apprécié être dans les vignes à observer les maladies et les ravageurs. C’est également à ce moment là où je me suis remise en question concernant la poursuite de mes études en œnologie. En fait œnologue est le 1er métier qui nous vient à l’esprit quand on veut se lancer dans le vin mais à côté il y a tellement d’autres possibilités. J’ai donc saisi l’opportunité de continuer mes études dans le sol, le sous-sol, le climat, la diversité biologique,…en intégrant le Master Vigne, Vin et Terroir. Il s’agit pour moi de la meilleure des décisions. Une vraie expérience de vie qui m’a ouvert les yeux.
J’ai découvert une autre facette du vin en buvant des vins authentiques, élaborés avec amour par des vignerons entiers et respectueux de notre Terre.
C’est naturellement que je suis partie à Dijon en Bourgogne, pour suivre des études dans les sciences de la Terre avec l’idée en tête de devenir Œnologue.
Là aussi, c’est l’histoire d’une rencontre sur un salon, Jordi, un enseignant-chercheur sur les arômes / la dégustation du vin. Mes deux premières années de fac on été rythmé par la dégustation en tant que Panéliste au centre du Goût. J’ai découvert les deux sciences de la dégustation. L’une scientifique avec Jordi où l’on décortique le vin, on l’analyse de A à Z et une autre plus directe, qui relève du plaisir, du j’aime / j’aime pas avec mes aventures chez les vignerons. Cela ne s’affranchit pas de la technique, mais on est davantage dans la simplicité. Les deux se complètent.
A la fin de ses deux années de Sciences, j’ai acquis des bases dans l’étude du vivant, du sol, des cailloux, de l’environnement, de Darwin. Simultanément j’ai développé mon nez et mon palais avec mes rendez vous hebdomadaires au centre de recherche avec toujours Jordi. Il me parlait de la Licence des Sciences de la Vigne qui me donnerait l’occasion de combiner mes deux passions : le vin & le vivant. Je postule dès mai 2012.
Travailler dans le milieu du vin était acté, cependant je ne savais pas si je voulais : faire le vin ou le conseiller. Je réduis les choses à deux métiers pour simplifier : être œnologue ou être sommelier.
Je décide alors de tenter une expérience pendant les deux mois de vacances. Je fais jouer mon entourage et je me retrouve en Juillet 2012 à Londres comme stagiaire dans un restaurant étoilé du guide Michelin. Cette aventure m’a permise de faire des rencontres, de découvrir les accords mets & vins. J’y ai appris l’amour du travail bien fait, l’humilité, la précision des gestes, la justesse des propos, le profond respect du client, et du produit. Une journée en restauration est un concentré d’efforts physiques, d’émotions, de moments forts et intenses lors des services et plus calmes durant les mises en place. Le plus dure, les heures insociables et les relations entre collègues ! Il faut collaborer et vivre avec des dizaines de caractères différents, une expérience humaine.
Durant ce séjour j’ai compris que la vie n’était pas une course, que je pouvais prendre le temps de découvrir le vin – la vigne. Le but premier étant le plaisir, le partage, la convivialité et la passion et en aucun cas l’écœurement. Have fun !!! En rentrant je décidais de poursuivre comme prévu en licence sciences de la vigne et en même temps de débuter la course à pieds pour me canaliser (un détail qui a du sens pour la suite).
Les choses sérieuses ont alors commencé! Une année où j’ai dû m’accrocher au milieu d’enfants de vignerons, des étudiants qui déjà avaient des connaissances plus approfondies sur la vigne et le vin. C’est aussi l’année de ma rencontre avec Laure, on ne le savait pas mais cette amitié va avoir plus de conséquences que prévue !
Mon idée de partir sur le diplôme d’œnologie c’est peu à peu dissout pour partir sur le Master Vigne Vin Terroir qui alliait la vie de la terre (mes études précédentes) et l’étude de la vigne & du vin. Deux années très complètes avec des stages professionnalisant permettant d’aller sur le terrain. C’est d’ailleurs au cours de mon dernier stage de Master 2 de 6 mois que j’ai découvert le Languedoc.
Et là le déclic que j’attendais !
C’était au cours de ma 1ère escapade dans les vignes avec mon maître de stage et un déjeuner sur Pézenas, la fameuse ville d’art et d’histoire. Un véritable coup de cœur, j’ai eu l’émotion en découvrant les paysages et l’histoire de l’endroit mais aussi le plaisir gustatif dans mon verre (un vin du terroir des Côtes de Thongue). J’ai été aspiré et inspiré “c’est ici que je veux vivre”. Comme je suis un peu excessive, chaque week end je partais découvrir la région en courant (trails).
Les passerelles entre le sport et le vin m’ont permis et me permettent encore aujourd’hui de lier de belles amitiés.