Yannick Pelletier est un vigneron rigoureux et attentionné qui s’est installé en 2003 à Saint Nazaire de Ladarez avec 9 ha de vignes sur un terroir de Saint-Chinian pour élaborer des vins naturels. Petit à petit sa surface de vigne augmente pour atteindre aujourd’hui une quinzaine d’hectares sur des coteaux de schistes abruptes et des sols argileux et argilo-calcaires, entourés de reliefs de roches, chênes, arbustes et vignes en gobelet.
Notre escapade le 26 Janvier 2022 chez Yannick nous permet de vous retracer son histoire, ses valeurs, son travail à la vigne & à la cave mais également quelques anecdotes…
Originaire du Mâconnais et amoureux de la diversité des terroirs du Languedoc, il est descendu dans le Sud de la France pour trouver un petit lopin de terre. Il s’est initié aux côtés de Léon Barral (vigneron renommé sur le terroir de Faugères) sur les sols vivants avant de se lancer dans sa propre aventure. A cette époque là (Papy Boom), les vignes étaient à la vente à des prix accessibles et souvent même au prix de la prime d’arrachage. Ce qui fut le cas pour une parcelle de 50 ares de vieilles vignes de Terret en coteaux escarpé que Yannick eut la chance d’acquérir à un prix raisonnable.
Pendant ses premières années, il a vinifié ses vins dans une cave au centre du village de Saint Nazaire de Ladarez. Puis comme tous les vignerons il arrive un moment où on ne peut plus pousser les murs. Le déménagement dans une nouvelle cave plus grande se faisait ressentir. Dès 2014 et en même pas 9 mois, une nouvelle cave vu le jour dans les hauteurs de Saint Nazaire de Ladarez à l’entrée du village. Un lieu paisible avec une vue imprenable sur les reliefs de ce terroir magique.
Sur les 14 hectares, on retrouve les cépages locaux grenache (40%) carignan, cinsault, mourvèdre, syrah, grenache blanc, grenache gris et terret bourret. Yannick a privilégié les vieilles vignes pour exprimer la complexité de ce terroir. Âgées de 50 à 80 ans, il a fallu un long travail de patience et de minutie pour passer de leur passé conventionnel (désherbage et traitements chimiques) à une conduite respectueuse basée sur le vivant. Pour se familiariser avec ses sols, Yannick a réalisé des profils pédologiques dans chacune de ses parcelles. La composition d’un sol donne beaucoup d’informations sur le comportement de la vigne au niveau souterrain et sa réaction au niveau aérien. Ses parcelles de vigne sont non palissées pour éviter le passage du tracteur (tassement du sol) dans un seul sens. Il labour en superficie pour décompacter et pour que l’eau s’infiltre bien en profondeur. L’hiver il fait pâturer des brebis dans ses vignes pour leur travail (pour elles c’est uniquement du plaisir) de tonte naturelle et d’apport de matières organiques. Yannick pratique la taille en gobelet douce et basse afin de respecter le trajet de la sève. Un gros travail d’ébourgeonnage avec son équipe permet de faciliter la taille en hiver. A la vigne, le cépage que Yannick préfère travailler est le Cinsault relativement résistant aux maladies, un port droit mais avec tout de même un gros travail d’ébourgeonnage/épamprage. Tout le travail se fait à la vigne et on le comprend au soin que Yannick apporte à chacun de ses pieds.
La cave est composée de différents contenants et contenances permettant un meilleur confort de travail. Des belles cuves en béton (100 à 30hL), des cuves en inox et surtout des cuves à chapeaux flottant en fibre de verre. Les vendanges se font à la main. Selon les millésimes et les parcelles les grappes sont éraflées ou non. Il s’agit surtout de la maturité des tanins dans la rafle. En ce qui concerne le pressurage Yannick a un lien d’affection depuis ses débuts pour le pressoir à vis à l’ancienne qui lui permet de sortir des jolis jus. Les blancs n’ont même pas le temps de débourber qu’ils partent direct en fermentation et les rouges suivent une macération d’environ 8 à 10 jours avec très peu d’extraction (technique de l’infusion en douceur).
Ses vins rouges ont besoin d’élevage pour que les tanins s’affinent et s’adoucissent. A ses débuts il s’est expérimenté à élever ses vins rouges dans des barriques. Mais Yannick ne prenait pas de plaisir à les boire. Il y avait toujours cette présence de bois qui le dérangeait. Donc l’élevage en cuve fut une évidence. Selon les millésimes et les cuvées, il élève ses vins 1,2 voir 3 ans en cuve. Cela lui permet de garder un œil sur l’évolution de ses vins et d’agir en cas de problème. Quand le moment est venu, il met en bouteille en tiré-bouché et entrepose ses bouteilles dans des racks pour optimiser la place et surtout pour encore agir en cas de problème. La prévoyance ! Ex: Lors d’un étiquetage, il s’est rendu compte d’un nombre important de bouteilles couleuses ce qui lui a permis d’agir directement en les isolant.
On compte ses cuvées au nombre de 8 allant de 100 aines de bouteilles comme pour le Gris ou Coccigrues à 150000 bouteilles pour l’Oiselet. Voici la répartition de sa gamme de vins droits, digestes, fruités, élégants et profonds : Blanc, Gris, José, Volatil, Pennard, L’Oiselet, L’engoulevent, Coccigrues. Les vins rouges portent des noms d’oiseaux sortis de l’univers de Rabelais.
Un gros coup de cœur pour ses rouges qui ont des équilibres parfaits avec des tanins soyeux. Nous avons débuté avec l’Oiselet le cœur de gamme un Cinsault Grenache en finesse, fraîcheur et gourmandise. Et le Blanc 2019 majortié Terret (90%) sur la complexité aromatique et la fraicheur en bouche. On adore !